vendredi 2 janvier 2015

The Gentleman par David CODY

Messieurs,


    Voici un texte d'un universitaire britannique qui donne quelques pistes pour comprendre ce qu'est un gentleman, et comment cette notion s'est développée à l'époque Victorienne.
Je ne peux que vous inviter à cliquer sur le lien ci dessous afin de lire le texte dans la langue de Shakespeare car je crains que ma traduction ne soit qu'approximative.


The Gentleman

    Au XIX° siècle, le concept de gentleman est un sujet complexe, s'il en est. Comme l'indique un critique moderne, "c'est le lien nécessaire à faire dans chaque analyse de la façon de penser et d'être de l'homme de l'époque victorienne." Cet homme lui-même n'était pas certain de ce qu'était un gentleman, de ce qui le caractérisait ou du temps qu'il fallait pour en devenir un. Pourquoi, alors, tant d'entre eux désiraient-ils tellement être reconnu comme tel ?

    Les membres de l'aristocratie britannique étaient gentlemen par droit de naissance ( alors que paradoxalement, cette naissance seule ne faisait pas d'un homme un gentleman) tandis que les industriels et les élites bourgeoises, face à l’opposition de l'aristocratie, essayèrent tant bien que mal d'être considérés comme gentlemen au regard de leur richesse et de leur influence grandissantes. D'autres - le clergé anglican, les officiers de l'armée, les membres du Parlement - étaient reconnus comme gentlemen au regard de leur position sociale, tandis que de nombreuses professions éminemment respectables, comme les ingénieurs par exemple, ne l'étaient pas.
Le concept du gentleman n'était pas seulement une distinction de classe ou une distinction sociale. C’était aussi une composante morale, inhérente à ce concept et qui créait une difficulté, une ambiguïté, pour les gens de cette époque qui essayaient de définir, malgré de nombreuses tentatives, un retour, au XIX° siècle, du code Chilvaric* dérivé du Moyen Age.
Sir Walter Scott défini ce concept du gentleman à plusieurs reprises dans son très influent Waverly Novels alors que le code du gentleman - et ses abus - apparait fréquemment dans la littérature victorienne. "L'essence d'un gentleman, écrira John Ruskin, c'est le langage, venant d'hommes purs et parfaitement élevés. Après cela, l'amabilité et la sympathie,  une inclinaison naturelle, et une bonne imagination." De plus, Ruskin soutient "qu'il est du devoir du gentleman de ne pas vivre comme les masses laborieuses", "même si beaucoup de gentlemen" le font quand même. Beaucoup de nos écrivains ont été gentlemen. En quoi le travail de ceux qui ne le sont pas - Blake ou Thomson par exemple - diffère-t-il de ceux qui le sont ? Comment quelqu'un comme William Morris peut-il être à la fois gentleman et marxiste ? De quelle manière la notion de gentleman, distillée dans toute la littérature (victorienne) a-t-elle commencée à perdre son sens originel ?

    Charles Dickens, comme Kipling, était un écrivain d'origine relativement modeste. Il désirait par dessus tout être reconnu comme gentleman et insistait par conséquent sur la grande dignité de son travail. Son roman Great Expectations (De grandes espérances) contient un grand nombre d'auto-analyses déguisées. Il est à la fois un portrait et une définition du concept de gentleman selon Dickens, ainsi qu'une explication du titre du roman. D'un autre côté, Thackeray insiste (et les deux vieux amis se querellaient à se sujet) sur le fait qu'un romancier ne pouvait pas être un gentleman. Le débat sur ce qui définissait un gentleman fit rage dans de nombreux domaines, mais nulle part il n'a été aussi virulent que dans la littérature victorienne elle-même, apparaissant dans des travaux aussi différents que le In Memoriam de Tennyson ou que les romans de Dickens et Thackeray.

    Finalement, on trouva un compromis : à la toute fin du siècle, il était presque universellement admis que celui qui recevait une éducation traditionnelle libérale, basée essentiellement sur le latin, dans une des publics schools de l'élite britanique - Eton, Harrow, Rugby et autres - pouvait être considéré comme gentleman, sans aucune considération concernant ses origines.
Était-ce un compromis afin de continuer à perpétuer le système de classe à la britannique?

David CODY,
Professeur agrégé d'Anglais, Hartwick College

*Code Chilvaric: Code de conduite associé aux chevaliers du Moyen-Age, en cours entre 1170 et 1220

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire