jeudi 27 novembre 2014

Les fiancailles

Messieurs,

Dans quelques semaines, j'aurai le plaisir d’assister aux fiançailles de ma cousine. C'est l'occasion pour moi de faire le point sur cet événement qui, aux dires des spécialistes du mariage, revient sur le devant de la scène.

Que sont les fiançailles?
     C'est la promesse mutuelle d'un mariage. Le terme "fiancé" dérive du verbe "se fier à". On comprends dès lors la notion d'engagement qu'implique cet acte.
Une encyclopédie biblique* explique:
    "Chez lez Hébreux, les négociations impliquées étaient d'ordinaire l'affaire des parents du couple, des pères en particulier. Le choix d'une jeune fille et la demande en mariage, habituellement assumés par les parents  ou par le père du jeune homme, étaient suivis des fiançailles. Elles constituaient une formalité, accompli par les parents de la part de la fiancée et, souvent, par un ami ou un représentant légal de la part du fiancé. Aux yeux des hébreux, des fiancés étaient aussi liés que s'ils étaient déjà mariés, mais ils ne commençaient pas à vivre ensemble avant que les formalités du mariage ne soient achevées. Pour les Juifs, les fiançailles constituaient un engagement si sérieux que, si le mariage n'avait pas lieu parce que le fiancé changeait d'avis ou pour quelque raison valable, la jeune fille ne pouvait être mariée à un autre homme avant d'être dûment libérée par une procédure légale, à savoir par un pacte de divorce.
Plus tard, chez les Romains, les fiançailles se déroulaient également devant témoins. L'alliance surtout politique et économique des deux familles était symbolisée par un petit anneau de fer passé à l'annulaire gauche de la future épouse.
Au Moyen-âge, les fiançailles prirent un caractère officiel par le biais de l’Église. Les futurs mariés se devaient de signer un registre devant le curé."
La révolution française apporte un fait marquant dans l'histoire des fiançailles en les enlevant du code civil supprimant ainsi le caractère légal et officiel.

    Il ressort donc que les fiançailles sont un événement sérieux. Or aujourd'hui la cellule familiale est mise à mal. L'on vit en couple, et on a même des enfants, avant même d'envisager de parler de mariage. Alors à quoi servent encore les fiançailles?

    Aujourd'hui elles ont perdu de leur cérémonial. Loin de sceller l'alliance entre deux familles, elles représentent d'avantage une marque de l'amour entre deux personnes et donnent lieu à une fête intime, sans toutefois le stress du mariage. Cet événement qui n'a plus rien d'officiel sert seulement au couple à montrer son bonheur lors d'une journée qui célébrera l'amour et le romantisme. Et vu les temps qui courent, c'est toujours bon à prendre! Cependant pour les couples croyants ( en particulier chrétiens) c'est un événement important car les deux futurs conjoints, et spécialement le jeune homme, s'engagent devant les hommes et devant Dieu à se marier.

Après avoir fait des recherches, il apparait que les fiançailles obéissent à des coutumes qui ne sont pas figées et chaque couple peut les interpréter à sa manière. Les traditions sont moins strictes que pour le mariage et c'est tant mieux, car elles sont de plus en plus difficiles à suivre étant donné notre mode vie du XXI° siècle, et étant entendu qu’aujourd’hui les jeunes filles, au jour de leur fiançailles, ne le sont plus trop depuis longtemps (vous comprenez ce que je veux dire....), et que le couple s'occupe lui même des préparatifs.

Je vais donc essayer de résumer toutes les coutumes inhérentes à cet événement comme si nous étions dans le meilleur des mondes:

L'annonce des fiançailles:
    Une fois la date retenue, l'invitation pourra être lancée soit par écrit à l'aide de faire-parts, soit par téléphone. Les faire-parts et cartes d'invitation sont de plus en plus utilisés pour ce genre d'occasion, et c'est me semble-t-il plus approprié et élégant qu'un coup de téléphone. Un carton d’invitation est aussi un beau souvenir à conserver.
Comme pour un mariage, la nouvelle s'annonce au moins deux mois à l'avance.

La préparation:
    Selon les usages, les fiançailles sont organisées environ un an avant le mariage, chez les parents de la jeune fille, souvent durant un week-end. Ce sont eux qui prennent généralement en charge l'organisation de la réception, même si bien souvent tout cela se fait de concert entre les familles. Le repas aura lieu au restaurant si les appartements des familles sont trop petits ou si l'éloignement géographique rend difficile la réunion commune. Sachez tout de même que le décor, un peu impersonnel, d'un restaurant risque de gâcher quelque peu l'ambiance. Dans ce cas-là essayer de privatiser une partie du restaurant où le soir venu vous pourrez danser.

Le jour des fiançailles: 
Le jour J est arrivé! 
"Qu'ils sont mignons nos deux tourtereaux, FÉLICITATIONS!!"
 Bref, revenons à nos moutons.

    N'oublions pas une chose: le repas de fiançailles est avant tout une réunion familiale qui réunit parents, frères et sœurs, parrains, marraines, grands-parents (c'est un événement qui a encore un sens  pour eux) et éventuellement s'ils sont proches de vous, oncles, tantes, et cousins germains et des amis très proches. Veillez à ce que le nombre d'invités soit restreint, c'est avant tout intime, on invitera un plus grand nombre le jour du mariage.
    Le matin des fiançailles, le futur époux a pour coutume de faire livrer une corbeille de fleurs blanches à sa promise parmi celles qu'elle préfère, tout en n'oubliant pas d'honorer sa  future belle-mère en lui faisant aussi parvenir un bouquet plus classique.
Selon l'usage et les coutumes, ont reçoit ses invités sur une table recouverte d'une nappe blanche, brodée ou en dentelle, ce qui permet de ressortir l'argenterie, la porcelaine et les verres en cristal.
Si vous avez décidé de respecter les règles du savoir-vivre, voici la disposition à adopter:
                     - Au centre de la table: le père et la mère de la fiancée, assis en face l'un de l'autre.
                     - A leur droite et à leur gauche (les places d'honneur), seront assis les parents et grands parents du fiancé.
                     - Les fiancés sont placés côte à côte en bout de table, ils ne doivent pas être séparés jusqu'à leur premier anniversaire de mariage.
                     - Les autres membres de la famille et les amis seront placés en fonction de leurs âges et des affinités en prenant soin de bien mélanger les familles, elles sont là pour faire connaissance.

    Vous pouvez aussi optez pour des fiançailles moins traditionnelles, et de ce fait plus décontractées comme un repas champêtre ou une garden-party....

Quoiqu'il en soit, les fiancés accueilleront les invités aux côtés de leur parents, et chacun aidera l'autre à situer les invités sur l'arbre généalogique de la famille, ou à présenter les amis.

L'officialisation:
    C'est au cours du repas qu'elle aura lieu. Traditionnellement, c'est le père de la mariée qui porte un toast indiquant qu'il a accepté la demande en mariage faite par son futur gendre. Elle tend à être supplantée par une autre, plus moderne, qui veux que ce soit le fiancé qui déclare, pudiquement, son amour et l'intention du couple de se marier.
Cette déclaration peut avoir lieu juste avant le dessert ou à la fin du repas, engageant ainsi la soirée dansante. Évidemment, il n'est nul besoin de préciser que le champagne peut couler à flot (mais avec retenue !)

Les cadeaux:
    Le moment est venu pour le jeune homme d'offrir à sa belle LA bague de fiançailles ( éloignez les petites filles et les grands-mères qui risqueraient d’arracher le bras de votre dulcinée!). C'est LA séquence émotion de la journée. Le moment où les yeux féminins pétilleront de joie.... ou de jalousie! Le romantisme est à son comble!
Le diamant reste un must. Pendant longtemps, la pierre de la bague se devait d'être blanche, mais de nos jours plus rien n'est figé. Le fiancé pourra choisir seul la bague qu'il offrira, mais aujourd'hui elle est, le plus souvent, choisi par le couple. S'il s'agit d'un mariage traditionnel, la bague de fiançailles peut être un bijou de famille.
Dans la tradition, le fiancé offre la bague, en passant celle-ci à l'annuaire gauche de la jeune fille (Une légende égyptienne veux que, de ce doigt part une veine reliée directement au cœur; C'est la "Veine de l'Amour", la "Vena Amoris"). La bague changera de main le jour du mariage puis pourra ensuite rester sur la main droite ou s'unir à l'alliance sur la main gauche.

    Le fiancé ayant offert la bague, les tantes ayant été réanimées, la jeune femme peut offrir à son tour un petit présent mais grand dieu, jamais de bague! Je n'en ai pas trouvé la raison. Montre, bouton de manchette, chevalière (je vous vois venir, mais ce n'est pas pareil qu'une bague, et ne me demandez pas pourquoi) seront des cadeaux de circonstance.

Quid des invités?
    Ils peuvent offrir, outre des fleurs lors de leur arrivé  c'est évident, des présents; les parents peuvent offrir une petite somme d'argent qui les aidera à l'installation du jeune couple (vestige du trousseau de mariage).

Les tenues:
    C'est un événement sérieux, prémices du mariage, et comme celui-ci la tenue doit être respectueuse du moment. Costume-cravate-pochette. Point barre, pas besoin de tergiverser. Le jean (vous en portez encore?) est à proscrire sans autre forme de jugement.

    

    Chers amis voici ainsi les quelques règles qui président les fiançailles. Elles n'ont rien de strictes, sauf dans les grandes et vieilles familles, mais elles se comptent sur les doigts d'une main.
Aujourd'hui, tout peut être modifié, adapté, transformé, selon les desiderata des amoureux. Les fiançailles sont un événement très souple.
Ensuite, c'est à vous d'être un invité que l'on ne regrettera pas, en étant courtois, affable -mais pas trop-, et de bonne humeur. Partagez la joie de vos hôtes et respectez les règles élémentaires du savoir-vivre.

    Il serait intéressant de savoir comment vous avez vécu des fiançailles, si les coutumes étaient respectées, ou simplement ce que vous pensez de ce moment. Est-ce important à vos yeux ou est-ce simplement du folklore? Quel est votre sentiment à se sujet? N’hésitez pas à me faire part de vos réflexions.

Cordialement




*Étude perspicace des Écritures Vol.1





mardi 18 novembre 2014

De la nécessité de s'habiller lors des soirées mondaines.

Messieurs,

    J'ai eu la chance et le plaisir d'être invité, la semaine dernière au vernissage de l'exposition "Clemenceau, le Tigre et l'Asie" à l'Historial de Vendée, organisé par le Conseil Général de ce département.
L'Historial est un musée/mémorial consacré à la très riche Histoire de la Vendée.
Au menu de cette exposition, le Président du Conseil Général et toute sa cour, des députés, au moins un sénateur, quelques uniformes militaires et des historiens de renoms. Bref du beau linge !
La soirée s'annonçait sous les meilleures auspices, car nous attendaient petits-fours et mousseux, porcelaines chinoises et estampes d'Hokusai. De quoi ravir l’Esthète avide de culture et l’Élégant profitant d'une soirée mondaine.
De la culture il y a eu. De l'élégance.... très peu.

    Je trouve cela vraiment dommage qu'aujourd'hui les gens se rendent à l'opéra ou au vernissage d'une exposition habillés de la même manière que lorsqu’ils vont au supermarché. Évidemment nous ne sommes plus au XIX° siècle, il faut vivre avec son temps et on ne peut plus s'attendre à voir les hommes en habit et chapeau haut de forme pour se rendre à une représentation de La Tosca. Et c'est bien triste. Mais il y a tout de même un minimum ! Rare sont maintenant les personnes qui s'apprêtent pour aller au théâtre ou écouter un concert de musique classique. Et j’étais bien le seul ce soir-là à porter costume trois pièces, cravate et pochette.
Je milite donc pour le port de la cravate, à minima, lors d’événements dits "mondains". D'ailleurs, à tout bien y réfléchir lors d'un vernissage ou d'une première, l'artiste vous invite personnellement, et le directeur du lieu vous ouvre les portes de son établissement. Nous sommes donc leurs invités. Et le savoir-vivre français nous ordonne de faire honneur à nos hôtes, notamment par notre tenue vestimentaire.
    Poussons la réflexion un peu plus loin. Imaginez un orchestre philharmonique et son chef.... Les avez-vous imaginé se présenter à vous en jean? Non ! Costumes pour les hommes, robes de gala, à la rigueur tailleurs pour les dames, et peut être même queue de pie et nœud papillon pour le chef d'orchestre. Cela vous choque? Non, car cela est attendu. Il y a des choses immuables.
Pourquoi s'habillent-ils ainsi? La tradition? Peut-être. L'honneur dû à l’œuvre interprétée et son compositeur? Certainement. Mais bien plus encore: le respect envers le public ! C'est à dire vous et moi. Si notre hôte et ceux qui se présentent à nous ce soir-là font un effort vestimentaire, combien plus nous devrions leur rendre cette marque de respect.
    Et puis, dans mondain, il y a "monde". Lors de tels événements nous voyons le monde; du monde. C'est donc un acte hautement civilisé que de se cultiver. Et s'y rendre en "casual" est l'indice d'une chute dans l'estime de soi et des autres. Cela me fait penser à Karl Lagerfeld qui aurait dit: " Les pantalons de jogging sont un signe de défaite.Vous avez perdu le contrôle de votre vie, donc vous sortez en jogging." Nous pourrions réinterpréter cela comme suit: "Sortir sans s’apprêter est un signe de défaite. Vous avez perdu le contrôle de votre vie, alors vous sortez (à une soirée mondaine) sans cravate." ou bien: "Je viens à une soirée en "casual", j'ai perdu le contrôle de mon savoir-vivre."

    Faire l'effort d'être bien mis lors de ces occasions vous attirera des regards bienveillants car vous montrerez par votre tenue (et par là j'entends vos vêtements et votre comportement) le respect et le sérieux que méritent votre hôte, l'artiste et son travail.
Lors de ce fameux vernissage la semaine dernière, j'ai remarqué qu'un groupe de personnes âgées (70-80 ans) cherchaient à échanger quelques mots avec moi, ce jeune homme trentenaire si bien habillé. Ce fut là l'occasion d'engager une riche conversation avec des personnes de grande expérience qui autrement, j'en suis sûr, n'auraient même pas fais attention à ma personne. J'ai pu observer en outre une jeune gardienne ne pas me lâcher du regard tout le temps que j’étais dans son périmètre. Il est pour moi évident que cela n'aurait pas eu lieu, si j'avais été habillé comme la masse, en jean. (Permettez moi cette digression: il n'est pas question ici d'attirer l'attention sur soi par une mise tapageuse et "m'as-tu vu", mais il faut être conscient du pouvoir attractif et sérieux d'un costume et du capital beauté qu'il véhicule).

    Mais au-delà du plaisir d'être élégamment vêtu, c'est un état d'esprit, peut-être même le summum de la civilité que de rendre hommage à celles et ceux qui ont tant travaillé et qui, ce soir-là, ravissent nos yeux et nos oreilles. Ils nous reçoivent en belle tenue et grande pompe, soyons digne de leurs efforts.

Soyons Esthète, soyons Élégants.

Cordialement.

jeudi 13 novembre 2014

La chasse est ouverte! (Partie 1)


Messieurs,

    L'automne est là, et les plus chanceux d'entre nous qui habitent en campagne n'ont pu éviter depuis le mois de septembre les allées et venues le long des lisières des bois et dans les champs, les chasseurs.

    Notre objectif n'est pas de lancer ici un débat sur ce sport méconnu voir moqué par les urbains. Le fait est que la chasse est un sport ancestral, pratiqué autant par le peuple, que par les élites.
Et ce sont ces deux facteurs - activité ancienne pratiquée par l'aristocratie- qui lui ont donné tout un code de lois, de civilités et de coutumes, ainsi que des tenues vestimentaires spécifiques. Et c'est ce dernier point qui aujourd'hui retiendra notre attention.
Avant d'aller plus loin précisons que nous ne traiterons pas ici des tenues de chasse à courre encore plus codifiées et qui ne concernent qu'une minorité bien au fait des coutumes et des tenues.

    Qui dit chasse, dit campagne (ou montagne) et sport. Il est dès lors de mon devoir de vous prévenir qu'une tenue de chasse sera différente d'une tenue dite "de campagne" car plus technique, et d'une tenue dite "sport", attendu qu'un homme n'aura pas les mêmes besoins vestimentaires s'il pratique le golf, l'aviron, ou l'équitation, même si les différences sont ténues.

    Alors, en quoi se caractérise donc une tenue de chasse? La réponse tient en deux mots: confort et discrétion.
Confort car cette activité se pratique durant la période froide de l'année, et discrétion car il serait dommage de se faire annoncer à toute la faune forestière déguisé en Arlequin. Et si vous lisez ce blog, c'est qu'un troisième facteur vous intéresse: l’élégance, même hors de la ville.
Le tweed est certainement le tissu qui répond le mieux à ces trois exigences.




    Ce tissu fut popularisé autour des années 1840 par Catherine Murray, Comtesse de Dunmore (Écosse), qui tomba amoureuse de cette laine confectionnée sur ses terres, plus particulièrement dans les iles Hébrides. Elle décida, afin de promouvoir ce tissu envers ses distingués visiteurs, d'en habiller le personnel chargé de la gestion de la pêche et de la chasse de ses domaines.
Son enthousiasme fut tel qu'il ne fallut pas longtemps pour que cette mode, sa mode, se répande dans toute l’Écosse, territoire de chasse privilégié de la haute noblesse anglaise.
Cette noblesse, voyageuse, et la popularisation des complets en tweed, incitèrent dans le même temps les tailleurs londoniens, poussés par leur clientèle, à développer de nouveaux motifs.
Ainsi apparut le plus célèbre d'entre eux, le "Prince de Galles" vers 1880 et le "Houndstooth" que nous nommons "pied de poule" en français. Ce dernier fut ensuite adapté et adopté dans sa version colorisée par les chasseurs américains du XIX° siècle, créant ainsi le fameux motif "gunclub chek" aujourd'hui grand classique devenu quelque peu désuet.

    "Prince de Galles", tartan, grand carreaux, fenêtres,  l'idée dans tous ces motifs étant de créer du camouflage, le tweed s'occupant de s'assurer de la robustesse dans les bruyères écossaises, et de la chaleur contre le froid et l'humidité. Notons au passage un autre grand avantage de ce tissu: cette laine grossière, est enduite du suint du mouton, ce qui l'a rend imperméable (tout du moins contre un crachin).


Gunclub check        Princes de Galles         Pied de poule


    Nous avons donc choisi notre tissu. Et maintenant comment se vêtir? Complet de chasse ou tenue dépareillée? "Les deux mon capitaine!"
Si le dépareillé est soumis à condition en milieu urbain, il trouve ici tout le loisir de s'affirmer. Attention toutefois, les règles voulant ne pas mélanger trop de couleurs et/ou de motifs sont toujours valables, sinon plus en milieu rural.

A ce propos, quid des couleurs? Nul besoin d'argumenter, c'est l'évidence même, votre choix se portera sur des marrons ou des verts, qui s'opposeront aux gris et bleus de vos costumes de villes. Le gris peut se porter aussi pour la chasse, mais il faut être très sûr de soi! D'aucuns diront que deux couleurs, c'est peu pour avoir du choix. Certes, mais ces deux couleurs peuvent s'offrir chacune une palette de teintes et de tons en partant du beige clair à un brun nuit pour le seul marron. Idem pour le vert.
    Revenons à notre tenue. Le costume pour la chasse peut être 3 pièces (avec pantalon ou knickers, nous verrons cela plus bas), ce qui est fort pratique les jours de grand froid, "tout du même", ou alors avec un gilet dépareillé.
On peut aussi imaginer une veste et un gilet coordonnés avec un pantalon dépareillé ( le tout toujours en tweed cela va de soi). Si vous désirez néanmoins casser franchement l'ensemble - dans les limites du bon goût et de l'art sartorial - on peut envisager un haut, veste et gilet en tweed et un bas en corduroy, velours côtelé 500 ou 1000 raies ( ce dernier ayant ma préférence). Attention tout de même, au mélange tweed/velours, l'exercice me semble périlleux.
Dans tous les cas, choisissez en premier le pantalon, vous vous rendrez compte que le choix du haut est plus aisé et les fautes de goût mieux évitées.


Downton Abbey


Nous sommes arrivés à un stade de l'article où je dois absolument parler de deux éléments du vestiaire du chasseur, inventés par et pour des chasseurs: la veste Norfolk et les knickers.

La veste Norfolk:
    Comme l'explique le blog Green sleeves to a ground , "c'est en effet au duc de Norfolk, 15° du nom, que l'on attribue la création de cette veste, taillée spécialement pour ses sorties de chasse et pêche, dans les années 1860. Voici déjà l'origine du nom expliquée. Grand sportif, Henry Fitzalan-Howard de son vrai nom, a besoin d'un vêtement à la fois chaud et qui lui permette de shooter un canard dans son dos en moins de sept secondes, sans être gêné dans ses mouvements. Royaume-Uni oblige la veste sera faite soit en tweed, soit dans une laine épaisse. Deux plis sur l'avant, et une ceinture ou une demi-ceinture (cintrant la veste au dos) en deviennent les caractéristiques principales. On le porte alors pendant longtemps avec un knickerbockers ou des breeches (pantalon court s'arrêtant au dessus du genou), et de hautes chaussettes en laine. Certaines écoles du secteur en font même leur tenue réglementaire. Pendant longtemps confiné à l'ére Edwardienne du début du XX° siècle, la veste qui laissait présager dans ses formes les costumes "homme" des années 1950 fait un come-back à cette même période. On n'hésite pas alors à la porter avec un pantalon."
    L'excellentissime blog Le paradigme de l'élégance dans un de ses articles rentre encore plus dans les détails tailleurs, en nous présentant une Norfolk jacket portée par Lord Grantham au cours des tous premiers épisodes de la série TV Downtown Abbey:
"(....) cette veste est pensée pour être pratique, résistante, chaude et pour peu qu'elle soit bien coupée, pour ne pas entraver les mouvements. Faite de tweed -forcément !-, elle est pourvue d'une ceinture ajustable à la taille grâce à des boutons, ou à une boucle et des crans, et des bretelles cousues sur le plastron viennent soutenir la structure. Afin de garantir la liberté des mouvements, un pli peut être intégré au milieu du dos, ou bien deux au niveau de l'extrémité des omoplates.Point de poche poitrine, mais deux poches boite-aux-lettres sur les flancs. Quand aux pans de la veste, ils se terminent le plus souvent en angle droit, bien que dans certaines confections, ceux-ci soient légèrement arrondis. Enfin le col est généralement muni d'une patte de serrage pouvant être, au besoin, boutonnée sous celui-ci. Un habit idéal, donc, pour la campagne."
    Sortons un peu du cadre chasse. Aujourd'hui, cette veste peut se porter sans manières particulières, à la façon d'une veste sport ou chasse. Elle peut très bien se marier avec un velours pour rester dans le rustique, mais aussi un chino voir un jean.

Veste Norfolk portée par Lord Grantham dans les premiers épisodes de Downton Abbey

Mais si la coupe de la Norfolk jacket ne vous plaît pas, vous pouvez choisir une veste plus classique mais adaptée pour la chasse. Ce qui la caractérise est bien évidement une foultitude de poches pour ranger munitions et couteaux, ainsi que tout ce qui vous sera utile pour ce sport. La jeune et talentueuse société Artling en a réalisé une sur mesure de toute beauté, et qui synthétise à merveille ce qu'est une veste de chasse: confortable, technique, pratique et d'une distinction folle, c'est un chef d’œuvre!
Elle est réalisée en.... tweed ! Quoi, vous vous attendiez à autre chose?
Les finitions telles que les boutonnières passepoilées, le dessous du col, les boutons et les rabats des poches sont en cuir. De même, il a été posé un repose-fusil en cuir sur le haut de la veste au niveau de l'épaule; cela permet au tissu de ne pas s'abimer par les frottements de la crosse lors de la visée et du tir. C'est à cela que nous reconnaissons une vraie veste de chasse. Notons aussi la présence de garde-manche en cuir là aussi afin de protéger le tissu de la veste sur ces zones sensibles.


La veste est équipée de nombreuses poches dont ces fameuses poches en biais passepoilées au niveau de la poitrine. Les poches plaquées sur le devant sont hautes et équipées de soufflets afin d'offrir une capacité de rangement maximum.
Deux larges soufflets ont été montés dans le dos de la veste afin d'offrir souplesse et confort lors de l'exercice de la chasse. L'ouverture de ces soufflets peut être modulée grâce à des pattes de serrage latérales en cuir.
De la belle ouvrage sans conteste!




Veste de chasse par Artling

Passons maintenant au bas de la tenue, avec les fameux knickers.


    Peu d'informations circulent sur la toile à propos de ces pantalons. Seul Le Dandy Masqué y consacre 3 articles profonds et fouillés. En voici un condensé:
"Un knickers désigne en anglais un pantalon qui s’arrête au niveau des genoux, juste au-dessus, ou juste au-dessous. (....) knickers est une abréviation du mot knickerbockers. Le terme est emprunté à un personnage de fiction imaginé par Washington Irving dans History of New York, Dietrich Knickerbocker, une sorte d'aristocrate new-yorkais d'origine hollandaise qui porte ce type de pantalon. (....) Irving, avec son personnage, n'a en aucun inventé l'habit. Les premiers colons américains, surtout sur la côte est, étaient encore tout fraichement débarqués d'Europe. Le knickers n'est autre que le digne successeur de la bonne vieille culotte que nous connaissons bien. (....) Le knickers est encore largement porté et nommé ainsi aux États-Unis au début du XX° siècle. Il reste l’apanage des hommes distingués, et des petits garçons, au maximum jusqu'à leur puberté. Il est en laine, en tweed, en coton, en velours. Il disparait petit à petit du paysage vestimentaire au profit du pantalon.
Mais le knikers n'a pas dit son dernier mot: il devient un vêtement adéquat quand le sport se popularise, grâce à l'aisance qu'il procure: on ne se salit pas le bas du pantalon, on ne marche pas dessus, on peut également porter de bottes avec. On porte donc des knickers au base-ball, en alpinisme, en équitation, à la chasse. Dans ce dernier cas, il peut être en cuir.
    Nombreuses sont les boutiques en ligne qui vendent encore des knickers pour un usage sportif. Le golf arrive en première position (et oui tintin porte un pantalon de golf, autrement dit, un knickers !). Avec une petite subtilité: le pantalon est également appelé "plus-four" -comprenez qui descend quatre pousses sous les genoux, et qui mesure donc théoriquement quatre pouces de plus qu'un knickers classique qui s’arrêterait pile poil au niveau des genoux. Sauf que globalement, la différence n'est plus aussi nette dans l'imaginaire collectif, un terme peu impunément en remplacer un autre. (....)
Passons maintenant au domaine de la chasse. Évidemment, tous les chasseurs n'utilisent pas de knickers. Et pourtant il faudrait: il s’avère bien pratique lorsqu'il faut traverser un marécage boueux. Le knickers de chasse donne un côté Lord -peut être les chasseurs anglais l'utilisent-ils plus couramment, allez savoir- et sera taillé dans une matière chaude et solide pour résister aux agressions en tout genre: froid, ronces, grêle, paroi rocheuses. Les bons sont en laine et en cuir (parfois en cerf), les moins chers en coton. Les modèles sont très sobres, dans des tonalités vert-marron, rien à voir avec l'excentricité du golf, et proposent souvent des poches supplémentaires pour ranger couteaux et cartouches."

Même s'il semble un peu désuet, le knickers donne un côté élégant indéniable à son porteur. Il a ceci de pratique, que du fait qu'il s’arrête au genou, il faut compenser le "vide" entre celui-ci et la chaussure. On trouvera ici pratique l'emploi de bottes ou au minima de chaussures hautes (mais cela fera partie de la seconde partie de l'article). Quelque soit votre choix, l'élégant qui sommeille en vous y trouvera son bonheur car les knickers sont accompagnés de chaussettes hautes de différentes couleurs. Certains chasseurs positionnent le revers sur la botte ce qui permet d'avoir une touche d'originalité et de couleur, d'autant plus qu'il est possible d'y mettre des "garters", c'est à dire des pompons du plus bel effet. Même à la chasse nous pouvons faire preuve d'originalité et de distinction.
Toutes les plus grandes marques de chasse vous en proposerons, ainsi que le site Mes chaussettes rouges.


Knickers et chaussettes; notez les garters ou pompons à droite. (Source: Laksen)



Chaussettes de chasse avec ou sans garters chez Mes chaussettes rouges


Bref, le knickers c'est pratique et élégant!!

Nous avons vu comment choisir une veste et un pantalon. Dans un second article, nous parlerons du reste de la tenue: chemise et cravate, chapeau, chaussures, etc....
                                                                                                                                        

Pour cet article, je me suis inspiré d'articles paru dans les blogs suivants:
Le paradigme de l'élégance, "le meilleur d'entre nous".
Monsieur London, pour les origines du tweed.
Le dandy masqué, pour ces excellents articles sur le knickers, certainement les plus complets sur le sujet en français.
Et plein d'autres encore dont évidement Parisian Gentleman.
A noter que le site WASPing Through the Countryside présente de magnifiques photos sur les thèmes gentleman farmer et chasseur.